Les dernières pages by Robert GODDARD & Robert Goddard

Auteur:Robert GODDARD & Robert Goddard [Goddard, Robert & Robert Goddard]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Sonatine
Publié: 2023-10-12T14:02:25+00:00

Wendy est tirée de son sommeil par un bruit provenant de la cuisine. Elle avait espéré dormir tard, après l’agitation de la veille au soir, mais le réveil de sa table de chevet lui indique qu’il est à peine 7 heures. Par bonheur, Oliver est toujours profondément endormi, donc ce ne peut être que Stephen qui est déjà debout. Elle se glisse à contrecœur hors du lit.

La veille, dans le tumulte ambiant, beaucoup de choses ont été passées sous silence. Pour sa part, elle est toujours en train d’essayer d’analyser les implications de l’événement. Litster’s Cot réduit en cendres ; les dernières possessions de son père détruites dans l’incendie. Le coup de téléphone de Stephen tard dans la soirée a été un choc terrible. Les pompiers étaient à l’œuvre à ce moment-là, mais il était déjà évident que rien ne pourrait être sauvé.

La voiture de Stephen, garée près de la maison, avait aussi été détruite. Il n’était pas présent quand le feu s’était déclaré, et il a prétendu n’avoir aucune idée précise de la cause de l’incendie. « Peut-être l’installation électrique. » C’est la seule suggestion qu’il ait avancée. « Elle a toujours été peu fiable. » Ce qui est nouveau pour Wendy.

Il s’est révélé que Stephen était allé à Londres plus tôt dans la journée en compagnie de Suzette Fontaine. Dans quel but, mystère ! On ne lui a fourni aucune explication. Suzette l’a ramené en voiture après son coup de téléphone, avant de regagner son hôtel. L’incendie a paru la marquer davantage que lui, ce qui est pour le moins étrange. « Quel terrible accident ! » ne cessait-elle de répéter, prononçant « terrible » à la française en roulant les r, comme si l’émotion avait altéré sa maîtrise de l’anglais, mais pourquoi un incendie qui n’avait pas fait de victimes et avait détruit une maison qui lui était étrangère aurait-il dû lui paraître si terrible ? Mystère, mystère. Toujours est-il que l’événement l’avait incontestablement beaucoup affectée.

« Mon Dieu… mon Dieu… jamais je n’aurais imaginé une telle catastrophe. »

Stephen a paru impatient de la voir repartir tout de suite après l’avoir déposé.

« Allez prendre un peu de repos. Merci pour tout. Nous parlerons de ça demain matin », n’a-t-il pas cessé de lui répéter jusqu’à ce qu’elle redémarre.

Pendant l’heure où ils sont restés debout après le départ de Suzette, Stephen a déploré la perte de ses vêtements, de son ordinateur et de sa voiture, regrettant par ailleurs la futilité de tous les travaux qu’il avait entrepris dans la maison, tout en soulignant, avec trop d’insistance pour ne pas éveiller les soupçons de Wendy, qu’il ne s’agissait là que d’un malheureux accident.

Wendy n’a jamais aimé Litster’s Cot, ni son éloignement de tout, si bien que le sentiment de perte se limite pour elle aux souvenirs de famille qui ne sont plus : photos, tableaux, bibelots… Elle n’aurait jamais imaginé combien il lui est difficile de se faire à l’idée qu’elle ne reverra plus ces nombreuses babioles sans réelle valeur qu’elle associe à la mémoire de son père.

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